vendredi 15 juin 2007

Economie de la vague bleue

Moi, j’aime pas l’économie.

Ça fait un peu schtroumpf grognon, dit comme ça, mais c’est vrai. Enfin, c’était.

Parce que l’économie pour moi, jusque là, c’était un truc immonde et incompréhensible, uniquement susceptible d’intéresser les sacro-saints actionnaires qui écoutent tous les matins Jean-Pierre Gaillard sur France Info et Jean-Marc Sylvestre sur France Inter. Bref un truc de cyniques qui ne s’intéressent qu’aux performances des entreprises en se foutant éperdument de l’aspect humain des choses.

Cela dit, moi aussi des fois j’aimerais bien savoir de quoi ils parlent, ces gens-là. C’est quoi le CAC40, la Bourse, pourquoi y a du chômage, tout ça. Pour la culture, quoi. Malheureusement, Jean-Pierre Gaillard continue d’asséner les mêmes chiffres depuis 15 ans, sans jamais me les expliquer. Et Jean-Marc Sylvestre continue de me faire croire que l’économie est un truc de gros cyniques pour qui l’ultralibéralisme est une évidence qui ne devrait jamais être remise en question.

Et puis, un jour (genre avant-hier) je découvre qu’il existe une émission, sur une radio assez confidentielle, qui s’appelle Des sous et des hommes. Toutes les semaines, un économiste est interviewé par une sympathique jeune dame, qui dans la vie est prof de grec et latin, et qui donc s’y connaît à peu près autant que moi en économie. Pendant une demi-heure, elle interroge sans relâche, joue les candides (« j’ai pas très bien compris » est une réplique qui revient très souvent), trouve les bonnes questions. Et surtout, les gens qu’elle invite ne sont bizarrement pas les mêmes que les invités de Jean-Marc Sylvestre. Y en a même qui disent du mal de la mondialisation, vous vous rendez compte !

Bref, de l’économie pédagogique et alternative. Chaque émission dure moins d’une demi-heure et s’écoute relativement bien. En plus, et ça c’est chouette, l’intégrale des six saisons est entièrement téléchargeable ici, et c’est gratuit. En plus, la musique du générique est sympa.

En fait c’est pas mal l’économie. Tant qu’on en fait pas son métier, hein…

La politique, par contre, c’est moins drôle. Les législatives me laissent un peu perplexe.

Tous les journalistes semblent s’émerveiller du tsunami bleu qui va demain déferler sur l’Assemblée, de la victoire écrasante de l’UMP, on n’avait jamais vu une telle majorité, bla bla bla… Et on en trouve très peu qui s’inquiètent, ne serait-ce que légèrement.

Entendons-nous bien : je trouve parfaitement normal et légitime que Nicolas Sarkozy obtienne une majorité à l’Assemblée Nationale. Après tout, la cohabitation, c’est pas toujours le pied. Mais là, il y a un problème quand même. Dans tout le pays, l’UMP obtient, quoi ? 40 pour cent des voix à tout casser ? Et aurait 80 pour cent des sièges de l’Assemblée ?

Je crois que même un sarkozyste convaincu devrait s’inquiéter de cet état des choses. Il y a quand même un grave problème quand le Parlement élu ne correspond pas du tout aux opinions de la population, car alors il ne représente plus rien du tout. 80% des sièges pour un seul parti qui obtient 40% des voix, 50 si on veut vraiment être gentil en comptant les divers droite. Une opposition quasi inexistante qui va avoir 20% de sièges quand elle représente plus de 40% de la population elle aussi (en comptant PS, extrême gauche, communistes, verts, radicaux…). Un centre qui ne survit pas au suffrage majoritaire à deux tours, et qui ne sera pas du tout représenté à l’Assemblée, alors qu’il représente plus de 10% des votants et devrait être là pour faire pencher la balance entre droite et gauche. Le FN pourrait être complètement absent en cas de défaite de Marine Le Pen, et donc l’extrême droite pourrait n’avoir aucun représentant. A contrario, le PC agonisant devrait obtenir sa petite dizaine de sièges… Y a pas un problème là ?

On va donc se retrouver avec une assemblée de yes-men qui vont accélérer la mise en place des réformes de Sarkozy, et cela sans qu’il n’y ait aucun débat, aucune contestation. Alors que l’Assemblée, par tradition, c’est un lieu de débat et de tatanage de gueule ! Ici, la seule contestation possible aux réformes de Sarkozy sera celle de la rue ! Et encore, pensez-vous que le CPE aurait été retiré s’il n’y avait pas eu des députés de l’opposition pour faire leur boulot, en plus des étudiants grévistes ?

On aura cette fois aucune manœuvre possible. Une contestation qui n’a pas d’élu n’est pas légitime. Or, elle devrait l’être, légitime, puisque les gens qui ne votent pas pour l’UMP représentent quand même une part non négligeable des Français… Mais non. Pas d’élus, donc on se tait.

Résultat : il risque d’y avoir beaucoup de bordel en France d’ici peu. Je suivrai ça de loin, hein, je vous laisse dans la mouise…

Pardon pour le post un peu long et pas très olé-olé, mais ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de mise à jour vu qu’il ne se passe rien d’intéressant dans ma vie, et il fallait bien que j’inaugure le mois de juin quand même. La prochaine chronique devrait être plus fun, je compte faire un compte-rendu de ma vision du Rocky Horror Picture Show au Studio Galande…

9 commentaires:

Dieu a dit…

Foutredieu mon Jeje mais que t'arrive-t-il? Te voilà emrpeint de respectabilité pour ainsi te passionner pour des sujets aussi insipides que le dernier Pirates des Caraibes (ce qui n'est pas peu dire). Depuis quand considères tu que la réalité est devenue digne d'intérêt? Je te le dis et le répète: elle ne l'est pas elle ne l'est pas. La politique (tout comme l'économie) n'est qu'une des (trop) nombreuses manières de brasser de l'air pour donner l'illusion à ce pontifiant jeanfoutre qu'est l'homme, boursoufflé de sa propre ignorance, lui donner l'illusion disais je avant de me perdre dans d'inutiles procédés stylistiques d'un goût douteux, de lui donner l'illusion donc que ce n'est pas qu'une minuscule mouche sur le gigantesque étron de l'univers.
Sur ce docte propos philosophique je te tance à nouveau et t'enjoins (sans pour autant d'admonester) à cesser séance tenante toutes tes balivernes poltico-économiques pour t'en tenir à des sujets plus sérieux tels que la musique, le cinéma ou la reproduction des loutres au Béloutchistan.

El Desdichado a dit…

Nan mais la réalité, je suis en train de découvrir ce que c'est. Et comme toute chose nouvelle, je trouve ça intéressant. T'inquiète ça passera. Et puis faut bien que j'y mette un minimum les pieds, dans la réalité, on m'a suffisamment reproché (et toi le premier) d'être dans la lune plus souvent qu'il ne faut...
Et autant pour l'économie je plaide coupable, autant la politique me semble parfaitement assez éloignée de la réalité pour m'intéresser grandement. La politique, c'est comme le cinéma ou la musique, c'est surtout fait pour engendrer des discussions enflammées type café du commerce. Bref l'intéressant dans la politique, c'est d'en parler et de se prendre le chou avec des gens qui sont pas d'accord, pas la politique elle-même. Ça peut être très rigolo, si si. En plus je suis très fier d'avoir trouvée un lointain rapport avec le Japon grâce à l'expression "vague bleue", merci les journalistes.
Et j'ai enfin rattrapé mon incommensurable retard culturel en visionnant il y a peu le premier Pirates des Caraïbes. Mmmmouais. Je me portais tout aussi bien en ne l'ayant pas vu. C'est quand même assez dispensable, comme truc. Heureusement qu'il y a Johnny Depp, parce qu'entre Orlando Bloom et le réal qui filme avec ses pieds (et peut-être même avec ses orteils, pour le coup)...
Par contre le dernier Tarantino est génial. Tout comme Les fils de l'homme, que je viens de découvrir. Ça fera peut-être l'objet d'une prochaine chronique, mais j'essaie toujours de trouver un rapport avec le Japon pour rester cohérent, puis un peu par goût du défi aussi...

Maxou a dit…

Coucou,

Bon j'ai écouté quelques extraits de cette émission et heu... Enfin c'est un peu très orienté quand même, aussi bien dans les questions que dans le choix des intervenants... Parce que bon il y a quand même pas mal d'émissions d'il y a quelques temps qui parlaient du traité constitutionnel européen (quand c'était à la mode), et les intervenants sont tous des gens contre à qui on demande « pourquoi est-ce que c'est mal ? », alors bon...

Sinon ravi que tu mettes à jour ton blog, tu peux déjà préparer ton commentaire des résultats pour lundi matin d'ailleurs.

Et sinon moi je n'ai jamais vraiment bien compris pourquoi la cohabitation c'était une si mauvaise chose, enfin tout le monde est paraît-il d'accord là-dessus, donc je le crois parce que je suis sage, moi.

Harl a dit…

Bah moi je suis d'accord pour la répartition des sièges, mais j'ai aussi le défaut d'être très "Je sais pas et j'm'en fous", comme mec.

En même temps on pourrait plus s'intéresser à la politique jap', ça va plus nous concerner. Parce que nous on va quitter un pays plutôt mal barré, et on sait pas dans quel état on va le retrouver ni si on va pouvoir le retrouver. Bref ça va être joyeux.

Heureusement qu'il y aura Rémi pour mettre un peu de bonheur dans nos vies, et les japonaises pour le côté du bonheur impliquant de la vaseline (désolé, j'suis un peu en déprime en ce moment, ça va passer).

Jérémy a dit…

Je suis désolé, mais je me dois de m'ériger en gardien des valeurs central... républicaines !

Il me semble que cette histoire de proportionnelle est un faux débat sur lequel joue l'opposition. Certes, quand on oppose les chiffres, l'affaire parait entendue : c'est mal. Mais c'est oublier un peu vite la fonction du député. Le député, ça n'est pas seulement celui qui vote les lois. Le député, c'est comme un mini président local, qui va défendre les intérets de la localité devant les grand méchants qu'on trouve un peu partout dans le monde. Bien évidemment c'est une caricature, mais c'est le concept. Le député est un élu local, un homme, une figure. Ce n'est pas juste un membre d'un parti (j'en veux pour preuve une communiste de mes amis qui était fort tentée de voter Juppé à Bordeaux).

Si on élisait un parti, c'est sur la proportionnelle serait respectée. C'est sûr, l'opposition serait mieux représentée. Je n'émettrais pas d'hypothèse quant à la multiplication de petits partis qui pourraient empêcher une quelconque majorité de se former, ça devient très largement trop compliqué pour mon petit cerveau.

Je voulais juste signaler qu'il est un peu trop facile de dire que tout ceci manque de proportionnelle sans regarder ce pourquoi ces gens là sont élus.

El Desdichado a dit…

Boarf, le député, un élu local... Je n'y crois pas trop. Être bien implanté dans sa région, c'est effectivement essentiel pour être élu (voir pour cela les nombreux parachutages ratés). Maintenant est-ce qu'un député a réellement du pouvoir pour améliorer les choses dans sa région... J'ai de sérieux doutes.
Des élus locaux, il y en a : les conseils régionaux, généraux... Ce sont eux qui ont le pouvoir et les compétences pour réellement agir et créer des infrastructures au niveau local. Mais le député, non, il est et reste un élu national. Au mieux il soulève des débats en citant comme exemple sa région d'origine mais à part ça...
De toute façon, l'affaire est entendue, on a eu un second tour qui a rendu tous les partis contents. C'est fort quand même.
A la demande générale de Maxou, je donnerai peut-être mon avis sur ce second tour tout à l'heure. Mais en attendant, je retourne bosser, faut pas abuser quand même.

Jérémy a dit…

Je ne dis pas qu'il ne faut pas changer les choses. Je ne sais pas de quand date les députés, mais même en supposant que ça date du début de la 5eme république, on peut concevoir qu'à la base leur fonction était vraiment locale.

Après, il faut sans doute réformer l'ensemble. En utilisant une comparaison osée, je dirais que nos amis américains ont le même soucis avec leurs élections : le mode de scrutin est adapté à une société qui ne peut pas communiquer à grande échelle, et qui ne peut pas être informée à grande échelle. C'est maintenant archaïque, mais si c'est comme ça, c'est pour une raison. Et pour une bonne, pas juste pour permettre à des politiciens verreux (ils le sont tous, on le sait bien) de rester bien confortablement à leur place.

Maxou a dit…

Coucou,

Comme El Desdi je crois que les députés n'ont de local que le mode d'élection, et pas du tout une quelconque fonction. Et même s'ils avaient en théorie, ce n'est pas le cas en pratique.

Certes défendre les intérêts locaux c'est important, mais ça, ça peut se faire en donnant plus de pouvoir aux régions, départements, communes...

L'Assemblée nationale... est nationale. Son mode de scrutin, je ne sais pas trop d'où il vient, en tout cas il donne parfois des choses curieuses.

Et puis oui effectivement je veux bien l'avis d'El Desdi sur ce second tour. Et Juppé je l'aime pas, moi. Un truand qui fait de la politique, j'aime pas. Un ministre qui se présente aux législatives je n'aime pas non plus (et j'avoue ne pas très bien comprendre l'intérêt).

Au final il n'y a qu'une chose qui est sûr, c'est que parler politique c'est vachement marrant.

Ce qui est moins drôle c'est qu'il semblerait bien que l'émission Arrêt sur images ne soit pas au rendez-vous l'année prochaine. :-(

Unknown a dit…

Gluuuuuuug.