dimanche 28 octobre 2007

Base-ball

Déjà, je m’excuse pour la rareté de mes mises à jour.

Mais il faut savoir que l’air de rien, je travaille beaucoup. Le labo a bien pris son rythme de croisière, les profs nous demandent plein de rapports à leur rendre… Bref, le soir j’ai du mal à trouver la motivation pour faire une belle mise à jour.

Donc j’aurais dû, normalement, vous parler du Yagami-sai la semaine dernière. Mais vous savez quoi ? Il y a des gens qui en parlent déjà bien mieux que je ne pourrais le faire, et avec de chouettes photos. Il suffit de cliquer chez Harl, ou chez Paul et Edmée, dans les liens qui sont sur votre gauche, là. Oui, je sais, je profite abominablement du travail des autres, mais pour ma défense, Harl ne fait rien dans son labo, lui…

Bon, par contre ce week-end, il est arrivé un truc intéressant. Samedi, un typhon s’est abattu sur la région de Tokyo. Concrètement cela s’est traduit par une pluie violente et des vents très forts pendant toute la journée. Je crois d’ailleurs que chacun de nous a cassé son parapluie pour l’occasion. Le lendemain, par contre, temps magnifique, comme en été. Nous avons donc pu sortir pour aller voir un match de base-ball, le premier de mon existence.

Au Japon, le sport le plus populaire, c’est le base-ball, et non pas le foot comme chez nous. Les gamins qui jouent dans la rue, ils ne jouent pas au foot. Ils ont des gants, une batte, et ils jouent au base-ball. Donc forcément, quand ils grandissent ils continuent à en faire, et arrivé au niveau universitaire ça ne rigole pas, c’est du sérieux, on n’est plus très loin du professionnalisme. Les rencontres universitaires ont un grand succès au Japon, parce que c’est là qu’on peut dénicher les stars de demain (comme aux USA en fait). L’actuelle star des Giants de Tokyo est d’ailleurs un ancien élève de Keio.

Bref, ce dimanche 28 octobre, c’était le match entre Keio et Waseda, les deux meilleures universités privées du Japon, et vieilles rivales de toujours. C’est un peu PSG/OM donc, mais en nettement plus convivial, comme on va le voir.

Nous sommes donc partis, avec quelques Français, voir à quoi ça pouvait bien ressembler, et supporter notre université. Le stade était plutôt grand et commençait à se remplir.

Les tribunes, vous pouvez voir le drapeau de Keio, à gauche.




Les Frenchies venus supporter Keio !

Avant de voir un match, je critiquais pas mal le base-ball, avec mauvaise foi c’est tellement meilleur. En gros : les matchs sont inutilement longs, les règles me paraissaient ridicules (pour ce que j’en savais), ça ne me semblait pas relever d’un niveau élevé d’athlétisme et de technicité (taper dans la baballe et courir, bravo). Ben dès que j’ai vu les premiers joueurs entrer j’ai dû réviser mon jugement : il fallait les voir se lancer la baballe pour s’entraîner, avec une précision et une vitesse hallucinantes, alors qu’ils étaient à une bonne cinquantaine de mètre les uns des autres.

Les joueurs à l'échauffement


Vue générale du stade, de là où on était. En face, ce sont les tribunes de Waseda.


Mais l’intérêt d’un match de base-ball est au moins autant dans les tribunes que sur le terrain. Les matchs sont très longs, donc on est également là pour s’amuser, discuter, manger, et boire de la bière. C’est pourquoi la logistique « animation dans les tribunes » est très impressionnante. En gros, on a droit a plein de bonhommes de Keio qui sont là pour mettre l’ambiance, nous dire quoi chanter etc. Je n’ai hélas pas compris grand-chose aux chants et aux cris de supporters.

Au début, c’était bizarre, j’avais l’impression qu’on encourageait l’équipe adverse. Apparemment, on considère comme évident que notre équipe est la plus forte, pas besoin de l’encourager, donc on demande à l’adversaire de faire de son mieux. C’est sympa… Ensuite sont entonnés les hymnes de chacune des universités. C’est vraiment trop la classe d’être dans une université qui a un hymne. Un jour je vous mettrai en ligne celui de Keio, et celui de Waseda tant qu’on y est, il est pas mal non plus.

Les chauffeurs de foule étaient vraiment extraordinaires. Ils prenaient leur rôle très, très à cœur. Il gueulaient avec un sérieux indéfectible, faisaient de grands gestes pour maintenir le rythme, brandissaient des pancartes… Ils étaient tellement hallucinants qu’on ne regardait qu’à peine ce qu’il se passait sur le terrain (et des fois on loupait des actions importantes). Mais trêves de bavardage, ça se voit, ça se regarde et ça s’écoute.

Un exciteur de foule. Il avait des pancartes pour nous diriger. Là, je crois qu'il réclame trois strike (pour sortir le batteur et pour que Keio passe à l'attaque).




Un autre monsieur tout excité qui faisait de grands gestes en criant...




L’attitude du parfait supporter

Ne sachant pas trop comment me comporter, j’avais heureusement un modèle de choix : un petit gamin Japonais, juste devant moi, et qui était à fond dans le match. Il avait tous les accessoires Keio : l’uniforme, le brassard, le chapeau, le porte-voix… Et il avait à peine 7 ans ! Mais il faut savoir que Keio, ce n’est pas qu’une université : c’est aussi un lycée, un collège et une école primaire. Les gamins de l’école primaire Keio sont dès le départ préparés à entrer à la prestigieuse Keio University. C’est la voie royale. Donc en voyant ce gamin d’à peine 7 ans chanter par cœur, et avec une telle ferveur, l’hymne de Keio, je me suis dit que son destin était déjà tout tracé… Au moins, il sait où il va…


À fond dedans !


Être supporter dans un match de base-ball japonais, c’est un rituel assez codifié. L’attitude est très différente suivant si on est dans une phase d’attaque ou de défense. Quand Keio défend, on est plutôt passif (alors que c’est là qu’il y a le plus de joueurs de Keio sur le terrain). On applaudit une belle action défensive, on lance quelques « Gambare, gambare, katô » (du moins c’est ce que j’ai compris, et ça veut dire « allez, allez, on va gagner » en gros). Par contre quand l’équipe attaque, c’est la folie : tout le monde debout, ça hurle, ça trépigne, ça chante, les chauffeurs de foule et les pom-pom girls se déchaînent… Ah, j’en vois qui haussent le sourcil : oui, il y a des pom-pom girls, j’avais oublié de le préciser. Quoi ? Vous voulez des photos ? Des vidéos ? OK, ça vient… (bande de vicieux)



Le match

Après ce match, je comprends un peu mieux les règles, mais c’est pas encore ça quand même. Je ne vais pas les expliquer ici, ce serait long et pas très passionnant. Mais j’aurais au moins appris une chose : marquer un point au base-ball, c’est dur.

En effet, ça jouait très bien, particulièrement en défense, donc les joueurs avaient beaucoup de mal à avancer d’une base à l’autre. Et c’était valable pour les deux équipes. Résultat : le match n’avance pas vraiment et chaque manche se termine sur le score de 0-0. Assez frustrant.

Vous pouvez admirer le score des différentes manches... En haut à gauche, le temps écoulé depuis le début. De chaque côté, les noms des joueurs de chaque équipe.


Après 9 manches (durée normale d’un match), le score était toujours 0-0. Donc dans ces cas-là, on continue le match jusqu’à ce qu’une des deux équipes marque. La délivrance est venue lors de la deuxième manche des prolongations. Le batteur star de Keio est entré sur le terrain, sous les applaudissements du public (« Home run, home run, Aoike ! »). Oui, il s’appelait Aoike, ce qui est un joli nom puisque ça veut dire « lac bleu ». Toujours est-il que quelques coups de batte bien sentis ont permi à un joueur de Keio d’atteindre la quatrième base juste avant la balle (c’était limite) : et hop, enfin un point, après… 3h16 de jeu.

Fin du match ! Keio a marqué ! Vous pouvez voir que la lumière du jour à bien baissé, le match avait commencé à 13h...

Keio a donc gagné ! Explosion de joie dans la tribune, on entonne l’hymne à nouveau puis… tout le monde rentre bien sagement chez soi, sans gueuler à tout bout de champ, sans faire sonner de trompettes, et en traversant dans les clous (authentique).

Bon cela dit, j’ai vraiment beaucoup aimé l’ambiance générale, et je trouve même le sport plutôt intéressant. C’est plein de suspense et assez spectaculaire par moment. Par contre, ce n’est vraiment pas le genre de trucs que l’on peut voir à la télé, il faut vraiment le vivre dans un stade pour que ce soit intéressant. Il y a trop peu de phases de vrai jeu pour que ça passe bien dans une retransmission en direct.

Voilà, j’espère que la prochaine fois que je vous parlerai de base-ball, ce sera pour vous raconter mon expérience de joueur… Je sais que mon labo organise des matchs parfois…

EDIT : je rajoute vite fait un petit lien vers la vidéo tournée par les bons soins de Harl, qui est en effet culte. Un concentré de tout ce qu'a pu être ce match. La vidéo que je rêvais de faire, en somme.

Harl, merci.







dimanche 14 octobre 2007

Politesse et bonnes manières

Les voyages dans des pays lointains, c’est rigolo pour bien des aspects. Une des choses les plus intéressantes dans le choc des cultures, ce sont les décalages créés par des petites règles de politesse élémentaire, des petits usages qui paraissent évidents aux Japonais mais pas forcément à nous. Aaaah, la sensation d’avoir tous les regards portés sur soi sans savoir ce qu’on a bien pu faire de mal…

Pour une fois je ne vais donc pas raconter ma vie (enfin, pas trop), mais plutôt passer en revue quelques règles de comportement, histoire de montrer que ce n’est vraiment pas évident de se fondre dans la masse. Je vais en particulier évoquer les usages à table, parce que manger est une des premières activités à laquelle on est confronté en arrivant au Japon, et c’est quelque chose qu’on fait au moins deux fois par jour, alors on peut comprendre que cela me préoccupe. La première fois qu’on va au RU, on est un peu perdu : entre les baguettes, la multitude de plats devant soi (dans quel ordre je dois les manger ?)…

Tabe aruki

Pour commencer, un des trucs qui m’énervent le plus. Il est très mal vu de manger en marchant dans la rue. Et oui. Le Japon fourmille de petites boutiques de restauration rapide, de marchands de bentô, de Mister Donuts, de MacDo où l’on peut prendre des plats à emporter… Mais tout ça, c’est pour manger chez soi, ou sur le lieu de travail. Si vous le mangez dans la rue, vous aurez droit à quelques regards choqués par tant d’indécence. Cette pratique immonde s’appelle « tabe aruki » (de taberu, manger, et aruku, marcher).

Bon en pratique, il est toujours possible d’aller manger dans un endroit discret, un peu à l’écart des foules, mais il faut être prudent : dans certains lieux publics, le tabe aruki est interdit.

Certes, ça permet de garder une certains propreté dans les rues, mais comme le dit si bien Harl : « ils n’ont pas pigé le concept du sandwich ». En effet, il me paraît évident que si le sandwich a été inventé, c’est pour répondre à ce besoin irrépressible de l’Homme, celui de pouvoir manger en marchant. Mais pour les Japonais, bah apparemment non… Bon, je veux bien respecter certains des usages des pays que je visite, mais là pour le coup je préfère encore affronter les regards outrés et les soupirs style « pfff, ces gaijin… » plutôt que de devoir me planquer pour manger mon sandwich, non mais sans blague.

Les Grands Tabous des Baguettes

Vous n’êtes pas sans savoir qu’au Japon, on mange avec des baguettes. Alors de même qu’on tient le couteau dans sa main droite et la fourchette dans la main gauche, il y a quelques usages à respecter avec les baguettes. Et des trucs à ne surtout pas faire, sinon c’est seppuku direct. En plus, c’est rigolo, les Japonais donné un nom à chacune de ces infractions. Mesdames Messieurs, voici en exclusivité les Grands Tabous des Baguettes.

- Hiroibashi (les baguettes qui ramassent) : on ne se passe jamais la nourriture entre convives de baguettes à baguettes. Si vous voulez passer de la nourriture à votre voisin, vous la posez dans son assiette. La raison principale à cela est que le Hiroibashi rappelle un rite funéraire, donc c’est une sorte de mauvais présage de faire ça…

- Kawaribashi (les baguettes qui changent) : une fois qu’on a saisi de la nourriture avec ses baguettes, il est interdit de la reposer. C’est sale. Il ne vous reste plus qu’à manger ce que vous avez ramassé, même si c’est du tentacule de poulpe (mais le tentacule du poulpe c’est bon, je vous l’ai déjà dit).

- Mayoibashi (les baguettes qui hésitent) : on ne fait pas tourner ses baguettes en hésitant au dessus d’un plat. En France, quand on vous ouvre une boîte de chocolats, vous tergiversez en général pendant des heures « oh la la la, mais ça m’a l’air bon tout ça… Alors lequel je vais prendre ?... » Au Japon, faire ça revient à faire preuve d’égoïsme : c’est comme si vous vous réserviez le meilleur morceau. Il faut faire semblant de ne pas choisir. La solution consiste à observer le plat de loin, à choisir mentalement le morceau qu’on va prendre, et là, avec la vitesse et la précision d’un martin-pêcheur, tac ! vous vous saisissez du morceau convoité. C’est tout aussi égoïste, mais les apparences sont sauves et les Japonais sont contents (ils font tous pareil).

- Neburibashi (les baguettes qui lèchent) : on ne lèche pas ses baguettes. Même si elles dégoulinent de sauce délicieuse. D’ailleurs, parmi les trucs qui me manquent le plus de la France, le pain viendrait certainement en tête. Parce que quand on a fini un plat particulièrement bon, en général il reste encore plein de sauce au fond de l’assiette. Et qu’est-ce qu’on en fait ? Ben on jette. On ne peut pas lécher les baguettes, on ne peut pas saucer… Nom de nom, quel gâchis.

- Saguribashi (les baguettes qui cherchent) : ça rejoint un peu le Mayoibashi. Quand on se sert dans un plat commun, on ne va pas farfouiller au fond du plat comme si on cherchait un morceau particulier, on prend ce qui vient en premier.

- Sashibashi (les baguettes qui pointent) : on ne plante pas ses baguettes dans la nourriture pour s’en saisir, les baguettes ce n’est pas une fourchette.

- Hotokebashi (les baguettes de Bouddha) : on ne plante pas ses baguettes dans le riz. Ça c’est bad, bad, bad. Ça mérite la peine de mort. En fait, c’est encore un rituel funéraire, on plante des baguettes dans le riz qu’on donne comme offrande à un mort.

- Nigiribashi (les baguettes dans le poing) : on ne tient pas ses baguettes dans son poing, ça fait menaçant.

- Tatakibashi (les baguettes qui tapent) : on ne tape pas avec ses baguettes sur le bord d’un plat pour demander l’attention, comme on le ferait en France avant un petit discours ou speech de table. De manière générale, on ne joue pas avec les baguettes et on ne s’en sert pas comme instrument de percussion. C’est fait pour manger et rien d’autre.

- Watashibashi (les baguettes qui font le pont) : quand on a fini avec les baguettes, on ne les range pas en les faisant reposer sur le bol comme si elles formaient un « pont ». On les pose sur la table, parallèlement aux épaules.

- Mochibashi (les baguettes qu’on tient) : il ne faut pas garder ses baguettes à la main quand on boit (un bol de soupe, un verre d’eau…)

- Kurosubashi (les baguettes qui se croisent) : les baguettes ne doivent pas se croiser (cf le dessin joint).

Voilà, ça fait déjà une bonne liste… Et il y en a encore plein d’autres !

Je vous rassure, parmi tous ces tabous, il y en a plein que les Japonais transgressent allègrement. Je n’ai fait que retranscrire les règles officielles, mais à titre de comparaison, c’est comme si un Japonais, sur son blog, vous présentait les bonnes manières françaises en se basant sur le livre de Mme de Rothschild. Ce ne sont pas des choses qu’on respecte au quotidien.

Donc le mieux, c’est de faire preuve d’un peu d’observation et d’imiter tant bien que mal les autres Japonais. En fait, les règles importantes ne sont pas forcément celles qu’on croit. J’ai très souvent vu des baguettes faire le pont, ou être tenues à la main pendant qu’on boit la soupe miso. De même, certains aliments peuvent sans problème être saisis par la méthode peu orthodoxe du « planter de baguettes ». Par contre planter ses baguettes dans le riz c’est vraiment mal. Ne le faites jamais !

En tant qu’étranger, les Japonais s’attendent de toute façon à ce qu’on transgresse quelques règles, dans notre ignorance. Et ça les amuse beaucoup, ça n’est en rien gênant, ils ne vont pas nous condamner à mort pour ça (sauf si vous plantez vos baguettes dans le riz, oui je sais j’insiste mais il le faut). Je dirais même qu’il serait impoli pour un étranger de trop respecter les règles de politesses. Il faut rester humble et modeste, ce serait comme donner des leçons de savoir-vivre aux Japonais. Imaginez qu’un Japonais que vous invitez à votre table, en France, s’offusque parce que son vin blanc a été versé dans le verre à vin rouge. Vous penseriez qu’il est un peu prétentieux, non ? Et bien pareil ici, un peu de bon sens et d’observation suffisent pour apprendre à manger correctement.

Règles diverses

Finissons par quelques règles qui ne concernent pas les baguettes, mais toujours sur les usages à table.

La formule pour commencer le repas est « Itadakimasu ». Ce n’est pas complètement l’équivalent de notre « bon appétit ». La traduction littérale est « je reçois humblement », donc ce n’est pas quelque chose qu’on souhaite aux autres convives, c’est plutôt un remerciement. On remercie ses hôtes, ou les dieux, pour le repas qu’on va prendre. Par exemple, on peut très bien dire « itadakimasu » même si on est seul à manger, alors qu’un « bon appétit » tout seul, c’est ridicule…

A la fin du repas, il est très poli de dire « Gochisô-sama deshita ». C’est pour à la fois pour dire que le repas était très bon et pour remercier celui qui l’a préparé. Cette formule est quasiment obligatoire si on est invité chez quelqu’un, mais parfaitement facultative au restaurant. D’ailleurs une petite parenthèse à ce propos : on dit que les Japonais sont des gens très polis, pour qui le respect à une grande importance etc. Ce qui est vrai, mais il faut nuancer, parce que la hiérarchie entre en compte. Au Japon, dans n’importe quel commerce, le client est roi. Littéralement. Le client est appelé « o-kyaku-sama » soit à peu de chose près « Sa Majesté le Client », les vendeurs parlent en langage honorifique ce qui fait que je ne comprends rien, etc. Donc les vendeurs/serveurs sont extrêmement polis, et en retour le client a le droit de les traiter comme des moins que rien. Ce dont il ne se prive pas. Au combini je n’entends jamais un bonjour, jamais un merci de la part des clients. Même chose au restaurant. La dernière fois qu’on a été manger au Matsuya, avec quelques Français, Antoine a balancé un très joli « Gochisô-sama » au moment de partir. Les serveuses ont été toutes surprises de tant d’attention à leur égard, et une salve de « arigatô gozaimashita » nous a accompagnés jusqu’à la sortie…

Pour les autres règles : on ne se frotte pas la figure avec la serviette chaude (oshibori), c’est uniquement pour les mains.

Il y a toujours un bol de riz blanc à table. Il faut éviter de verser de la sauce soja dessus, ou n’importe quelle autre sauce disponible. Le riz, ça se mange blanc. Le souiller serait une offense à celui qui l’a préparé. Bien des Japonais s’offusqueront grandement de vous voir arroser votre riz avec de la sauce. Cela dit, une fois en France, ces mêmes Japonais seraient capables de couper un grand crû avec de l’eau, alors ils me font bien rire avec leurs airs épouvantés…

On ne se sert jamais à boire soi-même, à moins d’être seul à table bien entendu. C’est toujours à vous de servir vos voisins de table, donc il faut toujours surveiller si les verres autour de vous sont vides ou pas. Ils feront de même pour vous. Il vous suffit de saisir la bouteille, ceux qui ont soif vous tendront leur verre. Normalement, on ne sert pas un verre vide simplement posé sur la table, ce serait comme forcer quelqu’un à boire. Vous allez me dire « ben, il peut toujours refuser », oui mais non parce qu’on est au Japon, et qu’un refus est forcément impoli… De même, si vous voulez éviter de finir une soirée fin saoul, il suffit de boire à petites gorgées et de toujours laisser un fond dans son verre. Personne ne vous servira si votre verre n’est pas vide.

Pour finir, contrairement à la France, il n’est pas mal vu de faire du bruit en aspirant ses pâtes ou en buvant sa soupe (et ça fait des grands sllrrrp, chantait Jacques Brel). Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est très poli, et il ne faut pas être excessif non plus, mais en tout cas ce n’est pas mal vu.

Voilà, je n’ai rien d’autre qui me vienne en tête pour le moment, concernant les usages à table. Si les autres double-diplômants passent par ici, ils pourront peut-être compléter…

Un jour, je ferai peut-être d’autres messages sur les bonnes manières, mais il faut que j’en apprenne un peu plus. Sur les salutations par exemple, il y aurait beaucoup à dire (il y a des filles, on meurt d’envie de leur faire la bise, mais non on ne peut pas…). En tout cas, ce genre de petites différences culturelles est vraiment un des trucs qui m’amusent le plus dans la vie au Japon, j’espère en découvrir beaucoup d’autres…