mardi 25 novembre 2008

Macho, macho man...



Je ne sais plus si je vous avais déjà vaguement parlé du mode d’écriture japonais. Pour faire court : c’est compliqué.

Les hiragana et katakana, ça va encore. Mais les kanji (c’est-à-dire les caractères chinois utilisés dans la langue japonaises) sont assez laborieux à apprendre, il y en a plein et ils se ressemblent tous. De manière générale, il y a quelques formes primaires (口,日,月,糸,土…) et les kanji plus compliqués ne sont jamais qu’une combinaison de ceux-là. Au bout d’un moment on finit par distinguer de façon réflexe des trucs comme 墓 et 基, ou 折 et 祈. (désolé pour ceux qui ne peuvent pas voir les caractères japonais sur leur ordinateur, je mettrai des images pour les kanji importants de la suite de mon propos).


Bref les kanji c’est embêtant à apprendre, mais il n’empêche que c’est rigolo. Et c’est surtout une source intarissable de sujets de conversations avec les Japonais. Parce qu’on n’est jamais maître de sa propre langue. Et de la même manière qu’on on peut toujours trouver comment coller des Français sur des règles de grammaire ou d’orthographe un peu tordues, on peut coller les Japonais sur des kanji. Il faut dire qu’une fois qu’on maîtrise les kanji de base, il est tentant de faire joujou avec son dictionnaire pour aller voir des kanji un peu plus bizarroïdes, et des fois on tombe sur des monstres. Comme le kanji qui veut dire « le cauchemar » :

Qui est donc le seul kanji qui réussit à provoquer ce qu’il signifie.

Enfin non, y a celui qui veut dire « dépression » aussi :


Mieux : les kanji permettent de se rendre compte que les Japonais, en plus d’être de gros pervers comme nous l’avons brillamment démontré tout à l’heure, sont également de sacrés machos misogynes.

Quand vous débutiez les japonais, on vous a dit que c’était rigolo les kanji, il y a plein de moyens mnémotechniques pour les apprendre. Par exemple, vous prenez le kanji de l’arbre (木). Et si vous le copiez trois fois comme ça :

Vous obtenez le kanji qui veut dire… la forêt ! C’est génial, hein ?


Mmmmoui… Si vous le permettez, j’ai un autre exemple, qu’on sort moins souvent aux débutants. Je prends donc le kanji de la femme, un des kanji qu’on apprend en premier, quasiment en même temps que celui de l’arbre.

Voilà. Ça c’est une femme. Donc je fais comme pour l’arbre, je le copie trois fois :

Et ça ça veut dire quoi ? « Bruyant, tapageur, assourdissant ». C’est génial, hein ? Et puis on peut faire encore plein de composés marrants. Par exemple une roue (輪) et trois femmes (姦) ça donne 輪姦 : un viol collectif.


Amusons-nous à regarder quelques kanji dans lesquels figure le sinogramme pour « femme » :

嫌い : haine, aversion, détestation

妄 : irréfléchi, délirant

嫉妬 : ah, là il y est même deux fois et ça veut dire “jalousie”.


Bon techniquement, les vrais coupables sont les Chinois, ce sont quand même eux qui ont inventé ces caractères. Mais on pourra remarquer que Adam, Eve et les mythes judéo-chrétiens n’y sont pour rien. En Asie aussi, pour quelque mystérieuse raison, la femme c’est le MAL. Cela méritait d’être signalé.



A part ça, je signale une mise à jour de la galerie photo avec des photos de notre excursion de dimanche à Takao-san. Tout simplement parce qu’au Japon c’est l’automne, et alors qu’en France l’automne est une saison triste, moche et propice à la mélancolie, au Japon l’automne c’est beau et c’est une occasion d’aller se promener pour admirer les feuilles rouges des arbres. On appelle ça 紅葉 « kôyô », les deux kanji signifiant respectivement « écarlate » et « feuille ».

Le Takao-san étant une des destinations les plus prisées pour kôyô (pour cause entre autres de vue imprenable sur la vallée de Tokyo et sur le mont Fuji), on m’avait dit qu’il risquait d’y avoir pas mal de monde. D’accord, mais je ne m’attendais quand même pas à un truc équivalent à Shinjuku aux heures de pointes sur tout le long de la balade. Pour la communion avec la nature, on repassera, mais bon ça fait quand même un truc à raconter.


Shinjuku aux heures de pointe. Mais pff, après Takao-san, même pas peur.


Et enfin, j’ajoute deux petites vidéo. L’une est un complément au passage sur la faune dans le billet « un blog de qualité ». Vidéo prise depuis ma fenêtre, quelques corbeaux avaient décidé de faire leur ballet dominical. A voir avec le son.

La deuxième, c’est sur les trains japonais. Si vous avez vu des reportages sur le Japon, on vous a sûrement montré des Japonais qui faisaient bien sagement la queue sur le quai en attendant l’arrivée du train. Et vous vous êtes dit « waou, ils sont drôlement disciplinés, quand on pense au bordel que c’est le métro parisien… ».



Oui. Bon. D’accord. C’est vrai, les Japonais font la queue, il y a des marques au sol pour ça. Mais je n’y vois pas vraiment la marque d’un quelconque altruisme. Parce que ce que le reportage ne vous montre pas, c’est qu’une fois que les portes du train se sont ouvertes, c’est comme en France et partout dans le monde. C’est LA GUERRE.



A la prochaine, chers petits amis.


3 commentaires:

El Desdichado a dit…

Oui donc, pour cause de caractères japonais inclus dans le texte, celui-ci est écrit plus gros que d'habitude. J'espère que vous ne m'en voudrez pas.

Maxou a dit…

Coucou,

Oh j'ai beaucoup aimé ce message, encore encore encore !

Ah sinon je trouve que la guerre à l'intérieur du métro, ça reste assez sage quand même. Plus que les corbeaux sous ta fenêtre.

Unknown a dit…

Je connaissais le coup de la forêt, mais le prof ne nous avait jamais montré les multiples déclinaisons féminines !! Peut-être parce que c'était une femme...

Joyeuses fêtes à toi, Jérémy !!!

P.S. : l'article du dimanche 16 est EXCELLENT ! Bravo